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L'ÉDITO
  • ÉMOTIONS AUTOMNALES

    S’émouvoir de la nature. Au début de l’automne, à la campagne, le parfum de la terre change soudainement. Une odeur de champignons se signale à nos narines. Présente, à la fois subtile et impérative. Royale. Autour de la pleine lune, entre trombes d’eau et chaleur inattendue, ils sont apparus par dizaines, par centaines : cette année, personne n’en croyait ses yeux. « Nous avons arrêté de compter les cèpes à partir de 30 kilos », nous confie un voisin. Au pied levé, sans vraiment les chercher, 30 kilos déclarés ! La suite demeure secrète. Me voilà en cuisine à préparer les 5 kilos trouvés, là, tout de suite, au bord de notre chemin qui mène à la petite route, à travers bois. Et puis, les feuilles des arbres. L’odeur de l’automne par excellence quand elles tapissent le sol et que l’on marche dessus, en les poussant du bout du pied. Jubilation, réminiscences d’enfance, autour de l’école : les feuilles de platane et leur dégradé d’orange. Saison généreuse, l’automne mérite notre attention et notre reconnaissance éternelle. Les chouettes, par exemple, qui bercent chaque soir notre entrée dans le sommeil, et les cerfs, qui brament comme des ahuris pour appeler à eux les femelles. Les fous-rires nocturnes à les écouter depuis la maison ! Il n’y a qu’en automne que l’on entend une chose pareille. À la campagne, évidemment. À TOPNATURE, nous vivons entre bois et champs depuis longtemps. Parce que l’automne, avant toute autre saison en raison de sa force d’apaisement, inestimable trésor énergétique, réceptacle de nos émotions intimes. Et puis aussi, émotions sans cesse renouvelées, les biches dans le jardin qui viennent se servir, mine de rien, sur les arbres fruitiers, ou à leur pied quand la saison est déjà bien entamée et que les branches se dénudent. Après avoir dévasté les rosiers en boutons, gourmandise suprême, pendant tout l’été. Qui saura nous dire où sont passées, cette année, les figues épanouies sur les branches du figuier consacré « cantine à toute heure » des frelons et des guêpes ? Pour la première fois, seules quelques figues en couronne sur le sommet de l’arbre et des fruits ouvertement subtilisés par des animaux non identifiés à cette heure. Stupéfaction et sourires intérieurs à l’idée de ces visites décomplexées qui nous ont tout de même gentiment laissés sur notre faim de fin d’été.

    Coline Enlart, Rédactrice en chef