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L'INTERVIEW
INSOLENTE VEGGIE. PANIQUE CHEZ LES CARNISTES !
Rosa B.
Préface de Pierre-Emmanuel Barré
Difficile de commenter un nouveau roman graphique de Rosa B. Cette insolente veggie vise tellement bien, utilise avec un tel brio ses cartouches, que l’on se trouve démuni devant la justesse et la célérité de son style, la scélérate qui tire plus vite que son ombre ! Les textes au niveau du dessin, le dessin au niveau du texte, super niveau : on ne sait plus quoi dire, seulement en rire et se réjouir. “Bien fait pour eux”, s’autorise-t-on à penser comme des énervés que nous sommes devant cette idéologie masculiniste qui consiste à considérer que l’on pourrait être un homme fort, voire supérieur, en mangeant de la viande ! Pédants, décérébrés, déviants, infantiles, ridicules… La liste serait longue pour qualifier ces individus avides de sang et de souffrance, les carnistes avec leur nom à tirer des charriots de bêtise : des caristes du mauvais goût, très très mauvais goût. Rosa B. les voit comme ça, et nous avec : bien défoulés, on se régale à lire toujours plus de pages à la suite tant les citations percutantes, plus vraies que nature, se dessinent par le menu sous nos yeux parfois ahuris. Le chapitre sur la zoophilie s’avère ainsi savoureux : Rosa ne recule devant rien pour articuler critique sociale et réflexion éthique, et les copains comme Pierre-Emmanuel Barré (qui signe la préface du livre) ne sont pas loin de l'inciter à en ajouter une dernière. Et encore une. On vous l’a dit : Rosa B. a de la ressource. Les carnistes n’ont pas fini de paniquer !
Éditions La Plage. 192 pages. 19,95 €

Rosa B. Pas si cheloue que ça !

L'ABC DE L'INSOLENCE VEGGGIE

Un électron libre. Sans langue de bois, l’incisive Rosa B. ne ressemble à personne, et c’est très bien comme ça. Si certains la trouve excessive ou “cheloue”, c’est qu’ils se sentent visés. Elle, bien dans ses baskets, assume, persiste, et signe.
Avez-vous l’impression, selon vos mots, d’être “une bestiole cheloue” ? Toujours aussi cheloue au fil des parutions de vos livres ?
Moi, je n’ai pas l’impression d’être cheloue, j’ai l’impression d’être normale : les animaux ne veulent pas qu’on les tue, je ne les tue pas. Ça me paraît être un raisonnement assez simple et normal. En revanche, les gens autour de moi sont très bizarres : ils tuent des animaux s’inventent des excuses extraordinaires pour le faire, des histoires d’hommes préhistoriques, de traditions, de supériorité de l’humain... Comme ce sont eux qui disent que je suis cheloue, j’ai un petit doute sur la véracité de leurs propos. Sinon, sortir un livre c’est toujours un peu impressionnant, c’est un truc de grande personne. J’ai un peu l’impression de m’être déguisée avec les vêtements d’un adulte mais que personne ne s’en est encore rendu compte.
C’est quoi cette histoire d’animalisation de l’humain reprochée aux vegans ? Ne sommes-nous pas des mammifères ? Ils se voient comment, en fait, les carnistes ?
En général es gens sont pas de grands scientifiques, c’est sûr. Mais bon, savoir que l’humain est un animal mammifère composé de 70% d’eau et de 0,5% de microplastiques, c’est quand même la base. Je ne sais pas pourquoi ils veulent se voir autrement que comme des animaux : c’est quand même plus stylé d’être un animal qu’un végétal ou un minéral non ? Il n’y a pas vraiment d’autre choix à part les champignons.
Pensez-vous que le regard des carnistes sur les vegans a évolué depuis votre premier livre ? Ou bien sont-ils toujours aussi nombreux à être « super cons », au point de « payer leur engagement politique envers le steak haché avec un cancer du cul » ?
Oui, le regard a bien évolué ! Je dirais que maintenant, monsieur et madame tout le monde sont bien plus ouverts au veganisme, et que s’y opposer fermement est maintenant un marqueur d’imbécillité ou d’extrême droite : un pléonasme.
Avec des personnalités phares comme Guillaume Meurice ou Pierre-Emmanuel Barré qui signe la préface de votre nouveau livre, vous avez de solides alliés antispécistes, non ? Des « mauvaises personnes » comme vous, corrosives et drôles ?
Aaaah… vous me flattez à me comparer à eux ! Cependant, je ne suis quand même pas aussi mauvaise que Guillaume Meurice puisque je n’ai jamais été virée de France Inter (probablement en rapport avec le fait que je n’y ai jamais travaillé, mais quand même), ni que Barré puisque je ne suis pas aussi impolie: la preuve, j’ai dit bonjour au début de l’interview ! (ou j’ai oublié ? Je ne sais plus)
Selon vous, les carnistes sont en panique? À cause de votre chapitre, édifiant et tout autant clairvoyant, sur la zoophilie, peut-être ? Vous nous expliquez votre point de vue ?
Est-ce que je me lance là-dedans ou est-ce que je laisse les lecteurs lire la BD ? En deux mots, mon point de vue c’est que l’élevage n’est pas possible sans contacts sexuels répétés avec les animaux. En témoignent les postes de branleurs de dindons, de cochons inséminateurs... (France Travail recrute) qui sont répréhensibles par les lois anti bestialité. Là, on se rend compte que toute une partie de la société (emplois, production alimentaire, culture ...) repose sur la zoophilie. C’est un peu flippant, je trouve, la société carniste. C’est pour ça que la normale c’est moi, pas les 99% de gens qui m’entourent.