En collaboration pour le texte de María José Ferrada. Traduction et adaptation : Laurana Serres-Giardi.Un saisissement. Cet album est tellement beau, tellement profond, tellement vital que l’on en perd ses mots. C’est le corps qui reçoit, les cellules qui se reconnaissent dans ce chant d’amour aux origines de chaque être humain à travers les peuples autochtones. Quel bonheur de se trouver ainsi interpellé·e au plus intime de nous-même ! Quelle sensation rare que l’on voudrait capter et conserver alors que sa nature même est la liberté. Alors, imprégné·e à jamais, la laisser aller, agir en nous dans la déraison fertile de son autonomie, et repartir vers ces origines communes, sans omettre de remercier la voix venue jusqu’à nous, portée par l’album de cette incroyable artiste franco-uruguayenne qu’est Nat Cardozo. Ne pas parler au nom des peuples autochtones présentés à travers de magnifiques portraits d’enfants vivant au sein de leur communauté, réalisés en pyrogravure et soigneusement imprimés, les faire vivre visuellement, s’imprégner sans précipitation des textes inspirants, ciselés pour la compréhension du contexte de vie : étayée par le solide travail d’anthropologues latino-américains et espagnols, la démarche de longue haleine de l’auteure en faveur de cultures autres que nos modèles occidentaux uniformisés conduit implicitement à une réflexion sur le respect de la nature tel qu’il est pratiqué par ces peuples, de langue !Kung, Moken, Bribri, Chipaya, Rimba, Mbuti, Gitxsan… Un voyage spirituel au pays de l’altérité. Nul doute qu’il creusera le sillon d’une conscience éveillée du lien à la nature qui nous anime en permanence, dans sa pleine splendeur.