“Et si notre vie dépendait d’un vers de terre ?” “Si nous changions notre regard sur ces êtres discrets qui façonnent le monde ?” Et si la paix de nos jours et nos nuits dépendait de la lecture d’un livre comme celui-ci ? Un livre où l’on pose les vraies questions sur le monde : les arbres, les oiseaux, les insectes, les mousses, les plantes, tout ce qui constitue la vie sur Terre, entre nous, autour de nous et bien au-delà de nous. À nul autre pareil, cet ouvrage subtilement philosophique relève d’une quête.
Connivences, correspondances, dialogues implicites, délicates vibrations des sens : l’harmonie de dessine, et s’écrit, à chaque page, comme un tissage de liens poétiques et durables. On aime le choix graphique de Csil, sa belle sobriété, tendrement expressive. On aime aussi le cahier photographique central de Chloé Cohen dans lequel l’enfance se glisse dans la nature. Et ce texte, dense, profond, réparateur, surtout, de Fanny Guichard. L’attention y règne au point de faire bouger avec une force invisible mais présente les limites imposées par les projections que l’homme entretient avec la nature. Sa prédation permanente que l’auteure de cet album poétique, mais bien ancré dans la terre, entend bien remplacer par une révolution. Permanente, elle aussi.
On se promène, parfois à hauteur d’enfant, on s’attarde, s’ancre, et s’épanouit dans ce parcours sensible où la violence du monde est transmutée par une conscience naturaliste à longue portée pédagogique, à l’intention de chacun·e d’entre nous. Ce livre est une terre d’accueil antispéciste dans l’âme sur laquelle fleurissent des bouquets sauvages de bonheurs simples et riches d’espérance. À contempler, à respirer, à faire voyager sur les ailes de nos élans d’amour inconditionnel.